Mon Paris, ma ville d’amour,
- Sarah Cournarie-François
- 21 mars 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 mars 2020

Mon Paris, ma ville d’amour, Je te quitte. Pour un petit moment.
Je te reverrai souvent, tu seras ma ville de cœur, mon premier amour, pour toujours. Je te quitte pour une autre. Non pas que je me sois lassée de toi. Loin de là. Tu as nourri tous mes rêves, exalté tous mes désirs. Tu m’as fait vivre les 30 plus belles années de ma vie.
Je porterai ton flambeau et te défendrai corps et âme, toujours. Tu as nourri toutes mes envies de culture.
Je me suis toujours laissé guider au son cahoté de ton métro et grâce à lui, tu m’as emmenée, seule ou accompagnée, et même parfois avec des dizaines d’élèves, au théâtre, au musée, au cinéma... partout…
Tout se joue chez toi, une multitude de goûts et de couleurs existent en toi. Tu rends tout possible. On trouve chez toi les parfums du monde entier. Tu ne regardes pas de travers, tu acceptes toutes les différences et tous les accents.
Tu ne dors jamais. Tu es toujours capable de nourrir nos appétits même au lever du jour, quand les éclairs roses et orangés rident ton ciel. Tu nous guides jusqu’au parfum chaud et piquant d’un kebab salutaire dans sa barquette en plastique. Promis, tu ne seras jamais moins belle qu’une autre. Mais, pour en être sûre, pour retomber amoureuse de toi encore et toujours, je vais accomplir une chose que beaucoup ont tentée bien avant moi et sûrement, le cœur lourd.
Je vais vivre ailleurs. Je vais goûter une autre nourriture. Elle sera peut-être plus ensoleillée, elle chantera davantage mais je te promets que je ne passerai pas mon temps à vous comparer. Ainsi, tu ne seras jamais jalouse. Mais, tu resteras, quoi qu’il arrive, mon premier et dernier amour. Tes rues sont marquées de ma présence. Tu as vu défiler mes plus belles et vertes années : mon premier baiser, ma première cigarette, ma première bière et mes premières ivresses, mon premier café allongé, en terrasse bien-sûr, mes premières virées shopping, mes premières manif, tu m’as permis de rencontrer ma meilleure amie, l’amour de ma vie et tous ceux qui comptent pour moi. Mes futurs enfants entendront parler de toi tous les jours. Je veillerai à leur transmettre le son enivrant de nos petits pas pressés sur tes pavés.
Tu m’as appris la patience. J’ai aimé attendre le métro et m’entendre bougonner contre tes grèves éternelles. Les hasards de tes retards ont exalté mon goût de la lecture.
J’ai foulé tes pas avec l’espoir étrange de ne jamais réussir à te connaître complètement. J’ai d’ailleurs cherché ces moments inédits avec toi, au détour d’une rue ou d’un quartier inconnus. Ainsi, tu m’offrais sans cesse de nouveaux mystères. J’ai découvert que tu avais mille visages et que tu les arborais avec fierté.
Je ne suis jamais montée dans la Tour Eiffel mais je l’ai admirée tous les matins, poésie dans l’âme, dans la ligne 6 du métro. Je souriais, le regard malicieux, quand les touristes s’exclamaient et, intérieurement, je goûtais ma fierté : c’est ma ville, me répétais-je, avec une prétention assumée.
Pour moi, tu resteras à l’image de cette passante de Baudelaire.
Fastueuse, agile, noble, mais aussi et surtout fugitive.
Je parlerai toujours de toi au présent, je sais que tu me laisseras toujours ta porte grande ouverte et qu’avec toi, vibreront pour toujours mes souvenirs de jeunesse.
« Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais… »
Juin 2018
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