Anita Brookner
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« La vie réelle était-elle toujours aussi vide, si vacante ? Ou ne consistait-elle qu’à distiller la déception ordinaire des jours ?
Elle imaginait à tort, qu’être amoureuse devait ressembler à cela, alors qu’avec l’amour vient aussi la gravité, la perte d’autonomie, la responsabilité sans le pouvoir. L’amour, songeait Ruth, mélancolique, ne pouvait qu’être cet état de sublime aisance ».
Ruth Weiss se présente comme une enfant effacée, absente. Elle devient progressivement une femme au sourire tendu et à la mine pâle.
Sa naïveté nous surprend et son intérêt pour la littérature balzacienne nous en apprend plus sur sa personnalité complexe.
Ruth se livre avec sincérité et nous invite à l’observer grandir et…veillir.
La personnalité de ses parents ne fait que détruire ses rêves, les uns après les autres.
J’ai adoré ce roman… J’avais 18 ans quand je l’ai lu la première fois. L’âge parfait, je pense, pour le découvrir. L’âge qui nous permet d’être à la fois naïf et amère.
On rêve avec elle d’amour, d’amitié et de réussite mais on sait déjà que tout sera vain.
La vie ne la laisse pas aimer. Ou alors, l’amour se réduit à être vécu dans et par les livres… Comment ne pas s’identifier….
La littérature a selon elle, gâché sa vie. Certains diront qu’elle l’a embellie, qu’elle lui a donné une certaine forme de rêve, dont elle n’a pu que profiter.
Anita Brookner transmet une certaine image de la vie qu’on refuse souvent, celle liée à la perte des illusions.
Au fond, oui, on peut vivre à travers les rêves, se rassurer que Cendrillon aille bien au bal… et s’affranchir de la vérité. Ainsi, on accède peut-être à une forme de bonheur.
