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Marguerite Yourcenar

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« Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts… »

 

J’ai lu cette œuvre assez tard alors qu’on avait eu de cesse de m’en parler pendant mes études de lettres. N’étant pas une grande fan d’Histoire au sens large, j’étais un peu frileuse… 

Ce qui me laissait aussi parfois perplexe était cette difficulté pour moi à comprendre le genre littéraire auquel le récit de Yourcenar appartenait. En effet, il ne s’agit pas d’une autobiographie : Yourcenar n’est pas Hadrien et Hadrien n’a jamais écrit son autobiographie. Le titre de l’œuvre évoque des Mémoires. La romancière brouille donc les pistes en mélangeant plusieurs catégories appartenant à ce qu’on appelle « l’écriture de soi » mais aussi au roman car l’œuvre s’apparente à un roman historique. 

Il s’agit avant tout d’un récit extrêmement documenté sur la vraie vie de l’empereur Hadrien. Il me parut absolument inutile et chronophage de démasquer la fiction du réel. 

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Laissant derrière moi tous ces codes, je me suis laissé emporter dans le récit de l’écrivaine. Et, je ne pouvais plus l’arrêter. J’ai dévoré le roman, lu en une journée et aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de relire certains passages…

Le récit permet notamment de s’interroger sur la difficulté de se raconter, c’est-à-dire, trouver les moyens exploités par l’écrivain et le personnage (les deux doivent, la plupart du temps, fusionner) pour réussir à dresser le portrait de sa vie. Le dernier chapitre peut aussi éclairer sur ce qu’il retient de son existence et ce qu’il peut transmettre comme leçon de sagesse.  La connaissance de soi et cette sagesse permettent à Hadrien de répondre aux questions qui le hantent, ces questions demeurent universelles et peuvent correspondre aux interrogations existentielles de tout lecteur. Les miennes, comme toujours. 

 

« Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts… » C’est sur ces mots que s’achève le récit Mémoires d’Hadrien écrit par Marguerite Yourcenar en 1951.  Le récit semble permettre à son personnage : Hadrien : empereur romain né en 76 et mort en 138, d’accepter la maladie et de poser finalement un regard serein sur la fin de son existence. L’écrivaine construit ici une œuvre complexe, inclassable, aux frontières entre le roman historique et l’autobiographie. Elle décide de mettre en scène un personnage historique composant une longue et érudite lettre adressée à son futur et jeune successeur Marc Aurèle. Hadrien se décrit longuement et, pour raconter son cheminement personnel et métaphysique, il semble parfois se mettre à distance, comme s’il se regardait dans un miroir, ce qui peut très bien correspondre à l’expression de Paul Ricœur : « Soi-même comme un autre ». Ainsi, en créant un portrait contrasté de lui-même, Hadrien semble trouver progressivement les réponses aux nombreuses questions qui le hantent.  

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Le chef-d’œuvre de l’académicienne Marguerite Yourcenar permet au lecteur d’adopter une position plurielle entre « le dedans et le dehors ». Le récit m’a permis d’accéder au mystérieux chemin de la connaissance de soi. Hadrien nous narre aussi les changements et progrès dont il a pu profiter au fil de son existence. Ceux-ci n’épargnent pas la douleur et le chagrin que chaque lecteur pourra, fatalement, connaître  au cours de sa vie. Enfin, en quittant progressivement l’apparence de l’empereur, Hadrien enfile le masque du philosophe et nous transmet des vérités qui nous font murir. 

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