Au bout du couloir

Alors que je demeurais immobile, d’humeur maussade, attendant enfin le moment qui me donnerait vie à nouveau, je l’aperçus.

Elle apparut au bout du couloir et dirigea sa silhouette délicate vers moi. Je la regardais s’avancer. Enfin, elle s’arrêta et me fit face. Elle me fixa, sembla s’interroger. Je ne pouvais plus respirer. Allait-elle passer son chemin ? De tels moments de doutes m’avaient tant de fois déçu !

Puis, doucement, comme si elle hésitait encore, elle fit glisser ses doigts sur ma peau. Ses mains me caressèrent lentement, ses gestes me firent vaciller. Tout redevint vivant au contact de ses doigts, mon histoire, mon âme.

Elle m’emporta, je sus alors que je verrais son monde, que nous voyagerions ensemble, que je la transporterais aussi. Tant de joies à partager, tant d’histoires à se raconter, tant d’évasion à vivre ensemble !

Je quittai la solitude muette des rayonnages pour un temps: deux semaines à exister grâce à elle. Elle m’emprunta ce jour-là à la bibliothèque.